cynique

cynique

cynique [ sinik ] adj.
XIVe; lat. cynicus, gr. kunikos « du chien », de kuôn, kunos « chien »
1Antiq., philos. Qui appartient à l'école philosophique d'Antisthène et de Diogène qui prétendait revenir à la nature en méprisant les conventions sociales, l'opinion publique et la morale communément admise. L'école cynique. Subst. Les cyniques : les philosophes cyniques.
2(XVIIe « impudent, effronté ») Cour. Qui exprime ouvertement et sans ménagement des sentiments, des opinions qui choquent le sentiment moral ou les idées reçues, souvent avec une intention de provocation. brutal, impudent. Un individu cynique, et subst. un cynique. Attitude, remarque cynique. « l'homme qui pense, s'il a de l'énergie et de la nouveauté dans ses saillies, vous l'appelez cynique » (Stendhal). Par ext. « une société cynique et féroce » (Huysmans).
⊗ CONTR. Conformiste, honteux, timide.

cynique adjectif et nom (latin cynicus, du grec kunikos, de kuôn, kunos, chien) Qui avoue avec insolence, et en la considérant comme naturelle, une conduite contraire aux conventions sociales, aux règles morales ; qui manifeste du cynisme : Un être cynique et immoral. Qui appartient à l'école philosophique grecque d'Antisthène et de Diogène. (Les cyniques [Ve-IVe s. avant J.-C.] méprisaient les conventions sociales et affichaient leur indépendance d'esprit.) ● cynique (synonymes) adjectif et nom (latin cynicus, du grec kunikos, de kuôn, kunos, chien) Qui avoue avec insolence, et en la considérant comme naturelle...
Synonymes :
- effronté

cynique
adj. et n.
d1./d PHILO Se dit de l'école d'Antisthène et de ses disciples (Diogène, Ménippe, etc.), qui professaient le mépris des conventions sociales dans le dessein de mener une vie conforme à la nature. Les philosophes cyniques.
|| Subst. Les cyniques. Diogène le Cynique.
d2./d Cour. Qui ignore délibérément la morale, les convenances. Conduite cynique.

⇒CYNIQUE, adj. et subst.
A.— Rare, uniquement adj. Qui est relatif au chien, en présente les caractères.
[Avec un jeu sur le mot] Des chiens naviguaient là-dedans comme chez eux. Un roquet, tout cynique, ce qui est assez naturel, allait faire ses besoins sous leur nez (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 519).
MÉD. Spasme cynique. Mouvement convulsif des joues et des lèvres.
Rem. Attesté par la plupart des dict. gén. excepté Ac.
B.— HIST. PHILOS., adj. et subst. Qui est relatif à l'école philosophique de Diogène et d'Antisthène, suivant laquelle la pratique de la vertu consiste à mépriser les conventions sociales, à braver l'opinion publique, dans le but de revenir à l'état de nature; subst. adepte de la philosophie de Diogène et d'Antisthène :
1. Ainsi la philosophie rejette les vieux principes des sociétés, et cherche un fondement nouveau sur lequel elle puisse appuyer les lois sociales et l'idée de patrie. L'école cynique va plus loin. Elle nie la patrie elle-même. Diogène se vantait de n'avoir droit de cité nulle part, et Cratès disait que sa patrie à lui c'était le mépris de l'opinion des autres. Les cyniques ajoutaient cette vérité alors bien nouvelle, que l'homme est citoyen de l'univers et que la patrie n'est pas l'étroite enceinte d'une ville.
FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, p. 469.
[P. anal. de comportement] P. ext. (Celle, celui) qui est sans principe; qui est provocant, insolent, aux limites de l'impudence. Une monarchie à esclaves est logique. Une république à esclaves est cynique (HUGO, Actes et par., 2, 1875, p. 442). Vous l'entendez? Un homme sans principe, un cynique! Ah, fumer, ça c'est son fort! (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 128) :
2. Les gens les plus affranchis de scrupules, les débauchés les plus cyniques ne se sont pas permis ça.
FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, p. 22.
3. Sans Gustave, Claire ne serait pas morte! Comme il l'avait trompée! Quel mépris d'une tendresse unique! Après le martyre de l'angoisse indicible, l'abandon cynique, et lui, pendant ce temps, courant le tripot, une maîtresse au bras! ...
ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 274.
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. composé cynico-machiavélique. Qui est machiavélique de façon cynique. Ce n'est plus ici, bien entendu, le héros cynico-machiavélique qui parle (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 132).
Prononc. et Orth. :[sinik]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. 1375, éd. 1531 philosophes ciniques « qui appartient à l'école philosophique d'Antisthéné » (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1 de R. Hist. litt. Fr. t. 8, p. 505); 2. 1552 à la cynique « comme des chiens, impudemment » (RABELAIS, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, chap. 18); 1674 adj. « impudent, effronté » rimes cyniques (BOIL., A. poetique, II, p. 173); 3. 1752 pathol. spasme cynique (Trév. Suppl.). 1, 2 empr. au lat. class. Cynicus « qui appartient à la secte des cyniques » (< gr. de « chien » parce que les adeptes de cette école se moquaient des convenances); 3 cf. lat. cynicus spasticus trad. du gr. (Celse ds TLL s.v., 1590, 26). Fréq. abs. littér. :489. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 338, b) 722; XXe s. : a) 537, b) 1 080.
DÉR. Cyniquement, adv. De manière cynique. Il répondit cyniquement (Ac. 1932). Oui, même après avoir été brutalement et cyniquement chassé (...) il [Christian] l'aimait encore assez [Séphora] (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, pp. 467-468). []. Ds Ac. 1932. 1re attest. 1537 (Apopht. d'Erasme ds DG), attest. isolée, repris au XIXe s. 1844 (BALZAC, Splend. et mis., p. 140 : cyniquement spirituel); du rad. de cynique, suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 78.

cynique [sinik] adj. et n.
ÉTYM. 1375, au sens II, 1; lat. cynicus « du chien », grec kunikos, qui a les sens I et II.
———
I (1552, à la cynique « comme des chiens »). Rare ou didact. Qui appartient au chien.Spécialt. Relatif aux muscles spécifiques du chien (muscles de la tête).(1752). Méd. || Spasme cynique : mouvement des muscles de la face (s'applique à l'homme, en ce sens). Sardonique (rire sardonique).
———
II
1 Hist. philos. Qui appartient à l'école philosophique d'Antisthène et de Diogène qui prétendait revenir à la nature en méprisant les conventions sociales, l'opinion publique et la morale communément admise. || L'école cynique. || Philosophe cynique, à qui l'on reprochait d'être mordant et sans pudeur, comme les chiens.N. (rare au fém.). || Les cyniques.
1 Socrate s'éloignait du cynique; il épargnait les personnes, et blâmait les mœurs qui étaient mauvaises.
La Bruyère, les Caractères, XII, 66.
2 Les railleries, les satires, les invectives furent leurs armes, et ils ne ménagèrent personne; voilà le caractère d'esprit qui était commun à tous les cyniques.
Condillac, Hist. ancienne, III, 18.
2 (1674). Cour. Qui exprime sans ménagement des opinions contraires à la morale reçue, aux bienséances morales. Audacieux, brutal, effronté, immoral, impudent, insolent, monstrueux (→ Sans foi ni loi). || Un individu cynique. || Une attitude cynique et provocante. || Langage, écrit cynique (→ Alarmer, cit. 3). || Mœurs cyniques. || Spectacle cynique. Choquant.
3 Les trois lettres sur le gouvernement sont d'un style dur, cynique, et plus insolent que rigoureux.
Voltaire, Lettre à Damilaville, 19 sept. 1766.
4 Ma sotte et maussade timidité que je ne pouvais vaincre, ayant pour principe la crainte de manquer aux bienséances, je pris, pour m'enhardir, le parti de les fouler aux pieds. Je me fis cynique et caustique par honte; j'affectai de mépriser la politesse que je ne savais pas pratiquer.
Rousseau, les Confessions, VIII.
5 Mais l'homme qui pense, s'il a de l'énergie et de la nouveauté dans ses saillies, vous l'appelez cynique.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, IX, p. 295.
N. || C'est un, c'est une cynique.
Par ext. || Un gouvernement cynique. || Une société cynique.
6 Mais non, à la fin, la créature humaine est née égoïste, abusive, vile. Regardez donc autour de vous et voyez ! une lutte incessante, une société cynique et féroce, les pauvres, les humbles, hués, pillés par les bourgeois enrichis, par les viandards !
Huysmans, Là-bas, XX, p. 283.
(Vieilli). Sur le plan sexuel. Inconvenant, obscène.
CONTR. Conformiste. — Décent, modeste, pudique, scrupuleux, timide.
DÉR. Cyniquement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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